Le Cac 40 enregistre un excellent mois d’octobre avant son grand rendez-vous avec la Fed, Actualité des marchés
Fidèle à sa sombre réputation, le mois de septembre s’était soldé par une chute de 5,92% du Cac 40, qui avait basculé en bear market. Fort heureusement, octobre affiche un bien meilleur bilan. Malgré une dernière séance très hésitante (-0,10%), l’indice parisien a enregistré une hausse mensuelle de 8,75%, à peine inférieure à celle de juillet (+8,87%), ce qui ramène à 12,39% sa baisse depuis le début de l’année. Octobre 2022, qui se termine avec un Cac 40 à 6.266,77 points, s’inscrit même comme le meilleur depuis 2015 (+9,93%). Et pourtant, les sujets d’inquiétudes ne manquent pas. En zone euro, le taux d’inflation de la zone euro a dépassé la barre des deux chiffres en octobre, à 10,7% en glissement annuel, contre 9,9% en septembre, selon les données d’Eurostat, l’institut européen de la statistique. Pour ceux qui suivent la statistique de près, ce n’est pas vraiment une surprise, les chiffres publiés vendredi au niveau national ayant montré que les pressions sur les prix s’intensifiaient en Allemagne, en France et en Italie, malgré une certaine modération en Espagne.
Côté activité, la hausse du PIB est restée marginale au troisième trimestre (+0,2%), alors que le PIB avait progressé de 0,8% au cours du trimestre précédent. Un sérieux coup de frein qui confirme l’analyse des économistes selon laquelle la zone euro est au bord de la récession. « Comme l’inflation a bondi à plus de 10%, la Banque centrale européenne donnera la priorité à la stabilité des prix et poursuivra malgré tout ses hausses de taux », estime Andrew Kenningham, chef économiste Europe chez Capital Economics. Jeudi dernier, l’institution a relevé ses taux directeurs de 75 points de base et, selon le président de la banque centrale des Pays-Bas, Klaas Knot, elle pourrait décider d’une nouvelle hausse d’ampleur similaire en décembre. « Nous ne sommes pas encore à la mi-temps dans la lutte contre l’inflation, a-t-il prévenu. Nous sommes encore en train de faire revenir les taux d’intérêt à leur niveau neutre, ce pour quoi nous aurons encore besoin de la réunion de décembre ».
Rdv avec la Fed mercredi soir
Aux Etats-Unis, c’est le scénario inverse qui se profile, à savoir une approche moins agressive de la Fed en matière de taux d’intérêt d’ici la fin de l’année. Cette perspective, couplée à des résultats trimestriels satisfaisants en France, ont porté le marché même si rien n’est acté. Jim Reid, en poste chez Deutsche Bank, rappelle que l’article du Wall Street Journal à l’origine des anticipations d’une inflexion de la banque centrale américaine « mentionnait que les prévisions de la Fed [en matière de hausse des taux] pourraient être revues à la hausse en 2023. Le marché s’est cependant focalisé sur les possibilités de ralentissement à court terme ». « Même si le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, pourrait faire allusion à une baisse de cadence des hausses et potentiellement à la prochaine réunion de décembre, il nous paraît illusoire de penser que Powell signale une fin prochaine des hausses, comme l’a fait le voisin la Banque du Canada récemment », estime Thomas Costerg, économiste senior US chez Pictet Wealth Management.
A très court terme, à savoir mercredi soir, à 19 heures, la Fed devrait encore une fois monter les taux de façon « jumbo » de 75 points de base, dans une fourchette de 3,75% à 4%. « Il ne devrait pas y avoir de changement dans les plans de réduction du bilan : cette réduction continue en ‘pilote automatique’ en toile de fond, à un rythme attendu d’environ 1.000 milliards sur les douze mois prochains, ajoute Thomas Costerg. Malgré les pressions politiques grandissantes, y compris des lettres ouvertes de certains sénateurs démocrates craignant des dommages collatéraux sur l’économie, la Fed devrait rester ‘droite dans ses bottes’ étant donné la persistance de l’inflation. » Outre l’évolution des prix à la consommation et à la production, la Fed regarde particulièrement les gains d’emploi, toujours très résilients.
Le Bureau of Labor Statistics (BLS) dévoilera son rapport mensuel vendredi. A ce stade, aucun indicateur ne laisse supposer de rupture du marché du travail. « Les inscriptions au chômage restent basses, les enquêtes signalent que l’emploi reste abondant, peut-être seulement un peu moins qu’il y a quelques mois. Le dernier Livre beige signalait aussi que les difficultés de recrutement avaient un peu baissé », souligne le cabinet Oddo BHF. Le taux de chômage devrait rester sur ses plus bas à 3,6%. Quant aux gains salariaux, ils devraient plafonner à +0,3% sur un mois.
Sur le front des valeurs, Orpea et Korian ont repris respectivement 24,05% et 10,07% après leur plongeon de la semaine dernière. Enfin, le motoriste Safran a cédé 0,86% après que Citi a dégradé son opinion d’« achat » à « neutre ».
C.P.