Avec ce mauvais chiffre aux Etats-Unis, la Bourse commence à penser que l’action de la Fed porte enfin ses fruits, Actualité des marchés
Effet « catapulte » à la Bourse de Paris ! Le Cac 40, qui se contentait de grignoter quelques fractions jusqu’au milieu de l’après-midi, a soudainement décollé, réagissant à une statistique sur l’immobilier américain qui laissait pourtant, au cours de ces derniers mois, les opérateurs de marbre.
Pour la première fois, les prix des maisons, tels que calculés par l’indice S&P CoreLogic Case-Shiller ont chuté de 1,3% dans les 20 villes principales étudiées d’un mois à l’autre en août. Même s’ils restent supérieurs encore bien supérieurs à ceux d’il y a un an. C’est leur plus forte baisse depuis 2009… Dans le détail, San Francisco, Seattle et San Diego ont accusé les plus forts replis d’un mois à l’autre, en baisse de 4,3%, 3,9% et 2,8%, respectivement. Sur un an, la hausse des prix des maisons est ainsi ramenée de 15,6% à 13,1%, le plus fort écart observé au cours de ces 35 ans d’historique de la statistique, souligne Diana Olick pour CNBC.
Un effet décalé sur l’inflation
Pour Bill Adams, économiste chez Comerica, dont les propos sont également relayés par la chaîne américaine, la correction des prix de l’immobilier constituera un « gros frein » sur le PIB en 2023, ce qui va probablement ralentir l’inflation. Il s’attend à ce que l’investissement résidentiel réel chute de 18% en 2023 par rapport à cette année. « Les prix de l’immobilier se répercutent sur les coûts des logements dans les indices d’inflation que la Fed cible avec un décalage de plusieurs trimestres, de sorte que la baisse des prix à la mi-2022 commencera à ralentir l’inflation en 2023 », explique Bill Adams.
Il n’en fallait pas plus pour que les investisseurs jugent que les multiples tours de vis opérés par la Réserve fédérale américaine commencent à porter leurs fruits, ce qui relâcherait progressivement la pression sur les marchés d’actions. S’il paraît acquis que la Fed relèvera une nouvelle fois le taux de ses Fed funds de 75 points de base ce 2 novembre, la présidente de l’antenne de San Francisco Mary Daly estimait en fin de semaine dernière que si l’inflation élevée rendait « très difficile » une pause dans les resserrements monétaires, « le moment était venu de commencer » à débattre d’un ralentissement. Plus précis, le Wall Street Journal rapportait de son côté que la banque centrale pourrait débattre, lors de sa prochaine réunion, d’une réduction de l’ampleur de la hausse du loyer de l’argent en décembre.
En clôture, le Cac 40 a bondi de 1,94%, à 6.250,55 points, dans un volume d’échanges de 3,3 milliards d’euros. A New York, les indices, dont les futures étaient orientés à la baisse avant la publication de la statistique, sont clairement dans le vert. Le Dow Jones prend 0,8%, le S&P 500 avance de 1,2% et le Nasdaq Composite de 1,8%, à quelques heures de la présentation, par les deux Gafam Microsoft et Alphabet, de leurs comptes du troisième trimestre. Le rendement des obligations à 10 ans recule de 17 points de base à 4,06%.
Air Liquide star du jour
A Paris, les annonces de chiffres d’affaires trimestriels se poursuivaient. A cet exercice, c’est Air Liquide qui s’en est le mieux sorti. L’action du groupe de gaz industriels a grimpé de plus de 6%, de loin en tête du Cac 40. L’activité a progressé de 8,3% à données comparables, c’est-à-dire hors effet de change, de périmètre et, surtout dans le contexte actuel, des prix de l’énergie, dont l’envolée a été particulièrement bien gérée.
Hors indice phare, Interparfums a bondi de 11,3%. Le créateur de parfums a relevé ses objectifs financiers pour 2022, après une hausse de ses ventes au troisième trimestre.
A l’inverse, Rémy Cointreau a cédé 4,6%. Le groupe de spiritueux haut de gamme prévoit un ralentissement de la croissance de ses ventes et de ses bénéfices avec un retour à la normale en matière de consommation après deux années « exceptionnelles ».