L’emploi américain jette un froid en Bourse, le Cac 40 bascule sous les 5.900 points, Actualité des marchés
Le scénario est inlassablement le même. Les heures précédant la publication du rapport du Bureau of Labor Statistics (BLS) sur l’emploi américain, le marché parisien joue la prudence, oscillant autour de l’équilibre, avant de réagir à ladite publication. Ce vendredi, le Cac 40 s’est enfoncé dans le rouge pour terminer la séance en baisse de 1,17%, sous les 5.900 points, à 5.866,94, dans un volume de transactions de 2,8 milliards d’euros. Outre-Atlantique, la tendance est similaire, le Dow Jones perdant 1,5% et le Nasdaq Composite 2,9%. Pourquoi un tel repli généralisé des indices ? Parce que le rapport du BLS confirme que la Réserve fédérale américaine (Fed) conservera un ton offensif lors de ses prochaines réunions et ne déviera de sa trajectoire en matière de hausse des taux d’intérêt.
Un taux de chômage au plus bas depuis 50 ans
En septembre, la première économie mondiale a créé 263.000 emplois non agricoles, ce qui est légèrement supérieur au consensus (255.000). A première vue, la donnée, mesurée en variation mensuelle (315.000 en août), traduit un ralentissement de la dynamique, mais ce constat doit être nuancé. Il tient « en grande partie une baisse de 29.000 emplois dans le secteur de l’éducation au niveau des États et des collectivités locales. Comme ces deux dernières années, cette baisse reflète un problème saisonnier, les enseignants étant moins nombreux que d’habitude à revenir pour la nouvelle année scolaire, décrypte Andrew Hunter, économiste senior spécialiste des Etats-Unis chez Capital Economics. La croissance de la masse salariale du secteur privé s’est en fait légèrement accélérée pour atteindre 288.000, contre 275.000 en août, grâce à des gains d’emplois plus importants dans les secteurs de la santé, des loisirs et des autres services. » Autre indicateur de la bonne santé du marché du travail américain : le taux de chômage a reculé à 3,5%, soit le niveau le plus bas en 50 ans. Il avait déjà été observé avant la pandémie. Concernant le salaire horaire moyen, donnée clé en cette période d’hyper-inflationniste, il n’a augmenté que de 0,3% sur un mois pour le deuxième mois consécutif et, bien que sa progression sur un an reste à un niveau toujours élevé à 5%, les salaires augmentent maintenant de 4,4% en termes annualisés sur trois mois. « Dans l’ensemble, cependant, le rapport de septembre ne devrait pas dissuader la Fed de procéder à de nouveaux relèvements agressifs des taux d’intérêt au cours des prochains mois », conclut Andrew Hunter.
La banque centrale américaine a opéré sa révolution culturelle en décembre dernier, en confessant, avec beaucoup de retard, que l’inflation ne pouvait plus être qualifiée de « transitoire ». Dans la foulée, elle a entamé sa campagne monétaire la plus « hawkish » depuis les années 1980, portant le taux des Fed funds de 0-0,25% en fin d’année dernière à 3-3,25% en septembre. Ce changement de paradigme est illustré par Loretta Mester, présidente de l’antenne de Cleveland, qui ne perçoit aucun signe plaidant pour un ralentissement du rythme de la remontée des taux. Idem pour son collègue de Minneapolis, Neel Kaskari, qui ne voit pas le bout du tunnel inflationniste. En résumé, les cinq responsables de la Fed intervenus jeudi ont insisté sur la nécessité de poursuivre le combat contre la hausse des prix.
Renault accélère grâce à Oddo BHF
Sur le front des valeurs, Renault, en tête du Cac 40, s’est adjugé 4,91%, porté par un relèvement de recommandation d’Oddo BHF, passé de « neutre » à « surperformance », avec un nouvel objectif de cours de 55 euros, contre 35 euros auparavant. Le broker perçoit un meilleur potentiel lié à une « nouvelle organisation disruptive » tout en saluant une relation plus « pragmatique » avec Nissan. Le titre du constructeur automobile est suivi de TotalEnergies (+2,59%), qui profite de la hausse de plus de 14% du prix du baril de Brent sur la semaine. Cette performance hebdomadaire, la meilleure depuis le mois de mars, fait suite à la décision de l’Opep+ de réduire sa production de 2 millions de barils par jour. A l’inverse, les fabricants de semi-conducteurs STMIcroelectronics (-5,3%) et Soitec (-4,81%) ont flanché après que Samsung Electronics a annoncé la première baisse de ses bénéfices depuis la fin 2019. L’américain AMD n’a pas rassuré non plus, en présentant des comptes préliminaires trimestriels inférieurs aux attentes.
Enfin, Ubisoft a lâché 2,25%. Le directeur de la création de l’éditeur de jeux vidéo, Igor Manceau, quittera le groupe à la fin du mois de novembre pour « raisons personnelles ».
C.P.