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Une BCE sans surprise qui permet à la Bourse de finir loin de ses plus bas du jour, Actualité des marchés

Séance tous risques aujourd’hui, mais qui finit bien. Le Cac 40, qui perdait plus de 1% avant que la Banque centrale européenne rende sa décision de politique monétaire, clôture sur un repli limité de 0,51%, à 6.244,03 points. Preuve, s’il en est encore besoin, que la Bourse, elle aussi, aime que les plans se déroulent sans accroc. Hausse des taux directeurs de 75 points de base, modification du taux applicable aux TLTRO (emprunts ciblés à long terme à des conditions très avantageuses), pas encore de réduction du bilan… Cette fois, la BCE a fait exactement ce que les économistes et stratégistes anticipaient, son guidage des anticipations a tenu jusqu’au bout, sans volte-face de dernière minute comme ce fut le cas lors des quelques jours précédant les réunions de septembre et juillet, date à partir de laquelle l’institution de Francfort a, à son tour et plusieurs mois après ses grandes homologues, commencé à resserrer le robinet monétaire. « En juillet, la BCE avait préannoncé qu’elle monterait ses taux directeurs de 25 points de base, ce fut 50 points. En septembre, ce fut 75 points de base, mais Mme Lagarde [la présidente de la BCE] avait dit alors que ce n’était pas là une ‘norme’. Cette semaine, ce sera à nouveau 75 points de base », de quoi en perdre son latin, déplorait hier Bruno Cavalier, chef économiste de la banque privée Oddo BHF, dans une note envoyée aux clients.

La Bourse n’était tellement pas en confiance, surtout après que les chiffres de septembre ont montré une inflation de 10% en zone euro, que certains économistes, comme Jack Allen-Reynolds chez Capital Economics, anticipaient une hausse des taux de 100 points de base, qui aurait porté le taux « refi » à 2,25% et le taux de dépôt à 1,75%. Suite au verdict, il réagissait : « La décision prise aujourd’hui de relever le taux de dépôt de 0,75% à 1,50% était largement anticipée par les économistes et les investisseurs. La déclaration du communiqué de presse selon laquelle le conseil des gouverneurs ‘s’attend à une nouvelle hausse des taux d’intérêt’ n’est pas non plus une surprise. »

Pas d’indications sur les futures hausses

Durant la conférence de presse qui a suivi la publication du communiqué, Christine Lagarde n’a donné aucune indication sur le rythme auquel la hausse des taux allait se poursuivre. « La BCE abandonne ses prévisions », résume Sébastien Galy, macro-stratégiste chez Nordea AM. Elle se donne une plus grande flexibilité de réagir au fur et à mesure des réunions, selon les derniers indicateurs économiques qu’elle aura à sa disposition. « Elle examinera trois facteurs principaux pour évaluer ses futures décisions : les perspectives d’inflation, les mesures déjà prises et le délai de transmission de la politique monétaire à l’économie. »

Pour l’heure, outre le relèvement des taux directeurs de 75 points de base, la Banque centrale européenne a également décidé, de manière tout à fait logique, de rendre plus onéreuses les conditions de taux des TLTRO, troisième édition, dans le but d’éviter que les banques, qui ont parfois obtenu des taux négatifs, ne placent les liquidités excédentaires à un taux de dépôt remonté à 1,5%. « Elle a également des dates supplémentaires de remboursement anticipé, commente Jack Allen-Reynolds. L’intention est clairement que les banques commencent à rembourser les TLTRO en avance, ce qui réduira le bilan de la BCE. De plus […] ce changement permet à la Banque de continuer à resserrer sa politique », tout en continuant, encore pour le moment, de réinvestir le produit des titres de dette arrivant à échéance, qu’elle a acquis dans le cadre de l’APP pour soutenir l’économie quand l’inflation était encore très faible. Au contraire de la Fed, de la Banque du Canada ou de la Banque d’Angleterre, la BCE n’a donc pas encore décidé de réduire son bilan gros de près de 9.000 milliards d’euros d’obligations en tout genre.

Facebook plonge de plus de 20%

Cela dit, pour lutter contre l’inflation, la BCE a tout de même, en l’espace de trois mois, relevé ses taux directeurs de 200 points de base. « C’est le cycle de hausse le plus marqué et le plus agressif jamais enregistré », observe Carsten Brzeski, économiste chez ING. Avec un impact sur l’activité économique. « L’économie dans la zone euro a probablement ralenti de manière significative au troisième trimestre de l’année, et nous prévoyons un nouvel affaiblissement pour le reste de cette année et le début de l’année prochaine », a déclaré Christine Lagarde lors de la conférence de presse. Que la BCE « exprime plus d’inquiétudes sur la croissance et les délais de transmission de la politique que lors des réunions précédentes » a un côté « colombe », juge Konstantin Veit, gérant de portefeuille chez Pimco.

Le contexte économique (durcissement des conditions de crédit et pouvoir d’achat rogné par l’inflation) devient de plus en plus compliqué pour les entreprises. A l’occasion de la publication de ses comptes du troisième trimestre, le fabricant de puces STMicroelectronics a prévenu s’attendre à un ralentissement de la croissance de ses ventes au quatrième trimestre. Les consommateurs, contraints à des arbitrages dans leurs dépenses, privilégient les produits essentiels au détriment de l’électronique. STMicroelectronics a chuté jusqu’à 8,5% aujourd’hui à la Bourse de Paris. A la clôture, c’était encore la plus forte baisse du Cac 40.

A Wall Street, Meta plonge de plus de 20% après avoir dévoilé un profit divisé par deux au titre du troisième trimestre, en raison des difficultés du marché publicitaire – les annonceurs sont frileux étant donné les perspectives d’une récession mondiale, là-dessus le changement de la politique de traçabilité d’Apple ne fait qu’accroître les difficultés de Facebook – et de pertes financières dans les projets de réalité virtuelle (métavers).  

A Wall Street, si ce n’est le Nasdaq Composite des valeurs technologiques, les indices sont en hausse. Le Dow Jones, le moins exposé aux Gafam, gagne plus de 1%. L’économie américaine a rebondi plus fortement qu’attendu au troisième trimestre, selon la première estimation du PIB publiée par le département du Commerce, mais cette inversion de tendance est due avant tout à la réduction du déficit commercial, alors que la demande intérieure continue de se dégrader. McDonald’s gagne plus de 3% après avoir publié des comptes trimestriels qui montrent que le géant du fast-food s’en sort très bien malgré le contexte économique.


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